Paris, le 15 aout 1790.
C'est maintenant, mon cher Salieri, que je vous dois le compte de votre grand succes: Tarare n'a ete joue que le 3 de ce mois; l'Opera l'a remis avec un soin prodigiuex; le public l'a goute comme une oeuvre sublime de la part du musicien. Vous voila donc chez nous a la tete de votre etat! L'Opera, qui, depuis un an faisait cinq cents a six cents livres, a fait six mille cinq cent quarante livres le premier jour de Tarare, cinq mille quatre cents le second, etc. Les acteurs, revenus severement a mon principe, de regarder le chant comme accessoire du jeu, ont ete, pour la premiere fois, ranges parmi les plus grands talents du theatre; et le public criait: Voila de la musique! pas une note radotee; tout marche aux grands effets de l'action dramatique! Quel plaisir pour moi, mon ami, de voir que l'on vous rende enfin cette grande justice et que l'on vous nomme en chorus le digne successeur de Gluck! . . . .
-from Theatre complet, Lettres relatives a son theatre par Beaumarchais; edition etablie et annotee par Maurice Allem et Paul Courant (Paris: Gallimard, 1973) p. 695.
No comments:
Post a Comment